Rose
ayant toutes les peines du monde à trouver
des hébergements pour 6 personnes en gîte ou petit hôtel
(le voyage, le groupe et le lieu n'avaient été déterminés
qu'à fin juillet,
pour début août), et Christine étant un peu fatiguée
pour participer
à une randonnée itinérante, du
style
de
celle
que Jean-Louis et moi
avons
faite
sur les
chemins de Saint Jacques de Compostelle, nous avons donc élu
domicile durant une semaine en bungalow (grande tente de toile) au
camping municipal "Les
2 Rives" de
Lannion, calme
et vert à souhait,
situé en bordure du Léguer entre deux collines boisées.
De là, nous
sommes à pied d'oeuvre pour explorer par petits bouts
le sentier des douaniers,
en
effectuant des navettes de voiture pour ne faire que
des aller simple et découvrir davantage de sites sans nous épuiser.
A notre arrivée à Lannion, Pierre, Rose, Christine
et Jano nous proposent de les accompagner à la fête du
chant de marin à Paimpol,
autour du petit port. De beaux voiliers se sont déplacés
pour l'occasion, aux originales voiles rouge-brun, où quelques
touristes sont invités à dîner, ou
bien y faire leurs emplettes de légumes et fruits du terroir
de Bretagne, pendant que les autres déambulent en contemplant leurs
occupants indifférents à la foule. Près
du parking où nous garons la voiture, la fumée qui s'échappe d'une
ancienne locomotive
à vapeur attire Pierre, dont le grand-père était
cheminot et qui en a hérité l'amour de ces vieilles machines. Il
interroge l'employée de la toute petite gare qui lui
confirme qu'une association se dévoue à entretenir
et à faire vivre ce train en offrant aux vacanciers plusieurs
fois par semaine la possibilité d'effectuer
de
petits trajets (bien enfumés)
dans les wagons aux sièges capitonnés de rouge (en première)
ou de bois verni (en seconde).
Elle ajoute que la machine a quelques ratées, et que l'association n'est pas autorisée à la réparer avec les moyens du bord, mais qu'il faut au contraire faire appel à des spécialistes parisiens de la SNCF pour remplacer les pièces défectueuses dans les règles de l'art. Après la fête, un homme arpente les lieux dans le noir. Pierre l'aborde : il s'agit du gardien qui surveille les alentours toute la nuit afin de prévenir toute dégradation de ce "monument historique" mobile par des esprits mal intentionnés ou trop embrumés par l'alcool pour respecter ce train vénérable.
Le choix des groupes de musique est éclectique, ils sont de qualités inégales, depuis la petite chorale de quartier au groupe régionalement reconnu, en passant par des étrangers au répertoire peu marin. Nous apprécions tout particulièrement le groupe Cap Horn (Bretagne) dont nous n'entendons malheureusement que le dernier quart d'heure de concert, ainsi que des cuivres de style tzigane, excellents, qui jouent au milieu des badauds et nous avons du mal à récupérer Jano et Christine, très intéressés par la musique folklorique bretonne diffusée à tue-tête depuis les hauts-parleurs surpuissants de la scène principale.
Le
lendemain, après une nuit frigorifiante (je
suis trop fatiguée pour me mettre le pull de laine à col
roulé d'hiver
que je n'oublierai pas les nuits suivantes), nous découvrons
la côte de granit rose depuis
le sentier des douaniers utilisé également par les pêcheurs
et paysans fin XIXe début XXe.
A
cette époque, les matelots recevaient une retraite misérable
de l'Etat et les plus chanceux trouvaient
un petit emploi dans le corps des douaniers ou "gabelous" où ils
passaient la moitié de la nuit à la belle étoile,
faisaient les cent pas sur une falaise battue par les vents ou demeuraient à l'affût
des heures entières derrière un rocher pour surprendre
(Description du métier d'après le très beau
livre très bien illustré de la collection "Il y
a un siècle en Bretagne...",
"Les sentiers douaniers", Monique Sclaresky, éditions
Ouest-France).
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