Presque
tous les jours à l'heure du déjeuner, le tonnerre se mettait à gronder
et les nuages s'amoncelaient autour des montagnes de l'arrière-pays,
sans que la pluie tombe pour autant.
Nous avons profité de la température
plus clémente pour marcher et explorer
un peu l'intérieur de la péninsule. Toutes les bouteilles d'eau comportent
sur l'étiquette une mise en garde contre l'incendie. Toutefois, nous
n'avons vu qu'une colline vers la plage de Rondinara qui en avait subi
les outrages et recommençait à verdir autour des squelettes noircis de
chênes-liège, arbousiers, myrtes, cistes ou oliviers.
En
allant vers l'hôtel-restaurant où travaille Nicolas, nous
avons aperçu
sur le côté de la piste (assez peu carrossable) une cabane
de berger très caractéristique, nommée "u baraccone" en
corse, et faite selon la même technique que les refuges de l'âge
du bronze. Ronde
et surmontée
d'une fausse voûte en encorbellement,
elle est construite avec des pierres sèches superposées
et stabilisée par un gros moellon venant peser sur le sommet de la toiture.
Les
propriétés sont également très souvent bordées
de murets de pierres sèches
empilées sans mortier, ainsi que parfois les oliviers pour les
préserver
du labour des sangliers tout en retenant l'humidité du sol.
Les
panneaux signalétiques sont très déficients dans
cette région du sud
de la Corse. Nous avons néanmoins
réussi à trouver l'emplacement de vestiges préhistoriques à Ceccia,
non loin de Porto Vecchio. Une fois garés à l'ombre (pour
Archange et Jonathan qui restaient dans la
voiture),
nous avons commencé à gravir un chemin sans avoir aucune
idée de la distance
ni
de l'altitude de notre destination. De superbes arbres centenaires aux
branches tordues et troncs percés s'élevaient au milieu
d'un chaos de roches qui semblaient tout droit sorties d'un torrent,
lisses et creusées
de cuvettes par des galets aujourd'hui disparus. S'il
n'y avait eu le bruit insistant des cigales, les senteurs méditerranéennes
et la dénivellation,
nous nous serions crus en forêt de Brocéliande.
La demi-heure
de montée
de plus en plus raide et acrobatique a été récompensée
par un panorama superbe jusqu'à la plage d'où nous étions
partis et sur les autres pics surmontés
de roches granitiques aux formes évocatrices.
Situé au sommet de la montagne et inséré habilement parmi les énormes rochers, l'édifice imposant qui remonte au IIe âge du bronze ne comporte plus que la partie basse d'une tour aux murs très épais en grosses pierres. Une descente raide mène à une sorte de puits avec une petite pièce attenante, qui permet à peine à une personne de s'allonger ou de s'asseoir.
Changeant
d'époque, nous avons continué en direction de Figari et
bifurqué pour
visiter la petite chapelle du
XIIe siècle San Quilicu.
De
style roman, de petite dimension et à nef unique, elle n'est pas
couverte en charpente mais voûtée en plein cintre,
ce qui est une particularité assez rare en Corse. Elle est remarquable
par sa toiture d'origine constituée de minces dalles de granit
jaune (teghji). Seule l'abside semi-circulaire est percée d'une
fenêtre meurtrière.
Dans sa simplicité et sa rusticité, elle inspire bien plus
le recueillement,
à mon sens, que n'importe quelle église baroque et nous
en admirons les lignes pures. Evidemment, Jonathan est totalement hermétique
à cette esthétique dépouillée et il fait le clown avec des commentaires
moqueurs.
Nous nous rendons à l'ancien Ermitage de la Trinité dont l'environnement de roches polymorphes est assez spectaculaire, et qui offre une jolie vue sur Bonifacio et sa côte nord. Mais le plus intéressant, c'est la Vierge dressée au centre d'un chaos de rochers entre deux chênes séculaires, agencement qui évoque fortement un culte païen à quelque déesse-mère Nature.
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Corse |
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12 au 18 juillet 2006 |
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Cathy, Jean-Louis, Jonathan, Archangela |
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