Nous
revenons tard à l'Albergue Salta-Montes. Je croise d'abord Isabelle
et Michèle dans les escaliers. Elles sont ravies de leur journée.
Je suis étonnée, les jeunes guides leur ont fait faire une
randonnée très longue de quatre heures, sans aucune pause,
et sur un parcours très accidenté. Le lendemain, Jean-Louis
m'a montré leur point de départ qui était aussi impressionnant
pour des néophytes que notre descente en rappel. En effet, chacun
menait son cheval de manière indépendante, y compris la petite
Cécile (7 ans), et, après avoir longé la route pour
traverser le village, le groupe s'est engagé dans une montée
très raide qui les a conduit dans la montagne environnante.
Ils ont franchi des ruisseaux, descendu
des chemins tellement pentus que les chevaux glissaient sur les roches plates,
marché sur une corniche à l'aplomb d'un précipice,
avec des virages à angle droit très difficiles à prendre
pour un cheval. A ce propos, ils ont observé le travail très
important des chiens qui accompagnaient le convoi. Dressés comme
des chiens de berger, ils se couchaient le long des ravins pour obliger
les chevaux à se plaquer contre la montagne ; dans les passages difficiles,
ils fixaient du regard chaque cheval l'un après l'autre pour le faire
aller dans la bonne direction. Les
cavaliers se penchaient pour éviter d'être fouettés
par les branches de buis, qui ont pourtant laissé de longues estafilades
rouges sur les bras et le visage. Isabelle avait son couvre-chef ensanglanté.
Autant que je sache, il n'y a pas eu de séquence de trot ni de galop,
mais simplement une très longue randonnée au pas, paisible
et décontractée, mis à part dans les passages délicats
qui ont un peu corsé et pimenté le parcours. Le trajet se
faisait tantôt à couvert, à l'ombre des pinèdes
et des hêtraies, tantôt en végétation rase qui
laissait le regard porter au loin. Captivé par le paysage magnifique
et concentré dans la conduite de sa monture, Jean-Louis ne s'est
rendu compte qu'à son retour de la défection d'Elisabeth (pourtant,
il était sensé photographier tout le monde, mais il n'y a
pensé qu'au départ et à l'arrivée, au grand
dam de Nicolas).
En
fait, Elisabeth n'était même pas partie. Elle avait remarqué
que le responsable évaluait attentivement du regard les membres du
groupe à tour de rôle et semblait choisir, en fonction d'elle
ne savait quels critères, une monture appropriée pour chacun
d'eux. Elle avait entendu certains refuser d'aller sur l'un des chevaux,
qui ne semblait pas avoir très bon caractère. Bonne dernière,
c'est à elle que le cheval dédaigné avait échu.
Il faut dire qu'elle était très hésitante depuis des
jours, mais de voir tout le monde partir l'avait décidée à
tenter l'aventure. Elle a enfourché son cheval, mais comme il fallait
attendre un petit moment que tout le monde soit en selle, le cheval s'est
mis à faire des écarts et elle s'est affolée. Sans
rien dire aux autres, elle est redescendue, et s'est retrouvée seule,
sans eau, sans clés, sans argent, à attendre leur retour quatre
heures durant.
Comme
elle ne parle pas espagnol, elle n'a pas osé s'installer à
la terrasse du café et s'est contentée de faire quelques promenades
dans les environs, entrecoupées de pauses à l'ombre des grands
arbres en bordure de rivière. Je suis désolée pour
elle, surtout après avoir vu le visage épanoui de ses compagnons,
ravis de leur expédition. Michèle n'a pratiquement pas eu
mal au dos le lendemain et aucun ne s'est plaint de courbatures. Les écorchures
diverses étaient plutôt considérées comme de
glorieuses blessures de guerre. Je crois que de nouvelles vocations sont
nées de cette expérience : Fereydoun, Cécile et Isabelle
se promettent de refaire du cheval dès que possible, peut-être
à Anglet même, au club hippique de Chiberta, qui organise des
promenades dans la forêt de pins.
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Aragon 15 au 19 juillet 2003 Cheval : 10 participants : Michèle, Julien et Jérémy, Isabelle et Cécile, Elisabeth, Jean-Louis C. et Nicolas, Marie-Charlotte, Fereydoun |
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