En
ce qui me concerne, le parapente est le clou du séjour. Lorsque j'en
ai fait à Accous l'été dernier, il était évident
dans mon esprit que j'en referais. J'avais même envie de faire un
stage d'une semaine pour être autonome. En attendant, une descente
avec un moniteur, ce n'est déjà pas si mal, surtout que cette
fois-ci, ce sera le double de temps, une demi-heure de vol plané
avec le panorama somptueux de la vallée de Benasque, qui est au pied
des plus hauts sommets des Pyrénées, le pic d'Aneto, la Maladeta
et le Posets, avec, à l'horizon, le Mont Perdu du Parc National d'Ordesa.
L'organisation
n'était pas évidente parce que les Espagnols sont moins structurés
sur ce plan que les Français. Je pensais même être obligée
de faire le trajet jusqu'à Saint Lary, en passant par le tunnel de
Bielsa, ce qui nous aurait fait un minimum de 2 heures de route, sans compter
l'acheminement sur les hauteurs. Enfin, j'ai découvert par internet
ce lieu, à Castejon de Sos, où se sont passés les championnats
du monde l'an passé, je crois, et qui est la Mecque du parapente
dans les Pyrénées espagnoles.
Il
faut quand même compter, depuis le village de Fiscal où nous
séjournons, une bonne heure et demie de route, avec un long passage
délicat dans la montagne en raison des travaux titanesques de réfection
de la chaussée et surtout de constitution d'un nouveau tracé
plus rectiligne de la N-260 (la "transpirinaica", transpyrénéenne).
Des pans entiers de collines sont découpés et les roches déplacées
pour combler les crevasses : d'énormes excavatrices, des camions,
des ouvriers (et ouvrières) au milieu d'un
nuage
de poussière, une route défoncée transformée
en simple piste caillouteuse et glissante, bref, une conduite au ralenti
qui a retardé notre arrivée de quelques 10 petites minutes
(celles justement qui nous manquaient au départ, puisque je souhaitais
une heure de départ à 7h30, et que nous sommes partis à
moins vingt).
Personne
n'a rouspété de devoir se réveiller si tôt. C'est
Yann qui a été chargé de chanter une chanson gasconne
dans chaque chambrée. Certains, parmi les jeunes, ont été
surpris de cette méthode inhabituelle et Isabelle était scandalisée
que son mari ait réveillé indifféremment ceux qui participaient
à l'expédition et ceux qui restaient (Jean-Louis B., Elisabeth,
Cécile et Christine qui se sont promenés durant la journée
à Ordesa). Max et Caroline ne voulaient pas non plus voler, mais
ils accompagnaient le groupe. A notre arrivée à Castejon de
Sos, où il y a deux écoles de parapente, le responsable nous
attendait sur le trottoir, inquiet visiblement de ne pas nous voir arriver.
La
veille au soir, la secrétaire avait appelé pour nous demander
d'y être à moins cinq. On ne fait pas ce qu'on veut sur une
si longue distance.
Le directeur de l'école de parapente
trouve que nous sommes un peu lents à nous organiser et, après
avoir vu la taille de nos voitures, il nous houspille et nous impose quasiment
que ses guides montent dans leur propre fourgonnette avec les ballots de
parapentes, moyennant un surplus de 7,5 € par personne (il était
prévu au départ que ce soit nous qui les transportions, avec
tout le matériel). Jean-Louis et Yann les suivent, chacun dans une
voiture, en emportant les sept plus jeunes enfants (et les plus légers),
qui doivent bénéficier des conditions atmosphériques
calmes de début de matinée. Ce
qui n'a pas été précisé, du moins lorsque j'avais
négocié les tarifs il y a plus d'un mois, c'est que la piste
est vraiment très mauvaise. Seule la secrétaire m'a avertie
la veille au soir, mais c'était bien trop tard, nous nous étions
entendus sur les conditions et les prix bien avant.
Jean-Louis et Yann montent très lentement jusqu'à une altitude de 2400 mètres pendant plus d'une heure pour ménager pneus et suspensions. J'ai demandé que des photos soient prises des envols, Jean-Louis attend donc pour redescendre que le dernier jeune ait "décollé". Un petit problème est survenu : une courroie a été oubliée (ou est défectueuse) et Lucie est obligée d'attendre toute seule en haut de la montagne que le groupe suivant arrive avec le bon matériel.
Pendant
ce temps, le reste du groupe s'est rendu au terrain d'atterrissage, grand
pré entouré d'arbres en bordure d'une rivière peu profonde.
Après que nous ayons testé toutes les positions d'attente
: debout, assis, couchés, Max a sorti les boules de pétanque
et nous avons commencé une partie, interrompue de temps à
autre par les voitures d'autres parapentistes qui repartaient vers les hauteurs
ou dans leurs pénates. Isabelle a beaucoup aimé ce jeu qu'elle
n'avait jamais pratiqué. Vers 11h 1/4, la voiture des guides arrive,
et le conducteur, hyper stressé, nous somme d'utiliser les véhicules
de l'école également pour nous transporter, moyennant une
seconde rallonge de 7,5 € par personne.
Il
prétend que Yann et Jean-Louis sont montés bien trop lentement,
qu'il y a trop de perte de temps, et que l'école doit prendre les
choses en main, sous peine de supprimer le vol de 13 heures, car ils ont
encore d'autres clients l'après-midi. C'est un fait que Yann arrive
un bon moment après ce véhicule, et Jean-Louis encore bien
plus tard. Je suis obligée d'accepter. Ils prennent cette fois 8
personnes à bord, et reviennent un quart d'heure après en
chercher une neuvième.
Nous
interrogeons les jeunes pour connaître leurs impressions sur leur
baptême de l'air. Je suis un peu déçue. La première
fois, il y avait une ambiance extraordinaire et les enfants étaient
survoltés, particulièrement Anna et Manon (qui n'est pas venue
cette fois) et également Jonathan.
Aujourd'hui,
ils paraissent presque blasés, même ceux qui le font pour la
première fois. La différence, c'est que les moniteurs ne parlent
pas le français, ils n'ont donc pas pu échanger ni communiquer
avec eux. Du coup, la descente s'est faite de façon moins ludique
: ils aiment les "360" (descente en vrille) et l'action, on leur
avait fait prendre les manettes de direction. La contemplation platonique
du paysage ne leur suffit pas. Aussitôt débarrassés
de leur équipement, ils entreprennent une grande chasse aux insectes
sous la direction experte des jumeaux Julien et Jérémy. Nous
mangeons le pique-nique en guettant le haut de la montagne pour ne pas rater
les décollages de la seconde équipe. Ceux qui n'ont pas volé
prennent garde à manger léger, de peur d'être incommodés
lorsque ce sera leur tour de partir.
Le
vent s'est levé. Il souffle par bourrasques de plus en plus fortes.
J'ai fait la réflexion à deux moniteurs que je trouvais que
les enfants étaient descendus bien vite (20 minutes). Du coup, ils
font en sorte de respecter la demi-heure de vol avec le groupe suivant car
il nous semble descendre bien plus lentement. En fait, un autre groupe de
parapentistes s'est envolé avant eux ; il a pris de la hauteur, aidé
par les ascendances, et plane longuement au-dessus de l'aire de décollage
avant de se diriger vers notre terrain.
Les
nôtres planent plus directement dans notre direction. Ce n'est pas
évident de les reconnaître de si loin. Un ULM évolue
près du champ et atterrit de l'autre côté. Personne
n'envie ses deux passagers : il est bruyant et son hélice en rotation
très rapide doit faire vibrer tout le cadre de sustentation. Le deuxième
groupe atterrit avec un peu plus de peine que le premier.
Le
vent bouscule les toiles qui se gonflent sans crier gare. Les parapentistes
trébuchent, encore harnachés. Le moniteur de Mikel lui écrase
une main, celui d'Isabelle lui tombe dessus, la pauvre ! Quant à
Marie-Ch', elle reste allongée par terre, incapable de se lever,
toute blanche : les dernières minutes trop agitées lui ont
donné mal au coeur et sa tête lui tourne. John paraît
avoir mieux passé l'épreuve que l'été dernier,
son estomac a l'air d'aplomb. Yann est enthousiaste, comme d'habitude, mais
pour moi, le plus grand souvenir sera le visage de Michèle, complètement
illuminé par une joie intérieure, les yeux brillants : elle
a adoré planer au milieu de ce paysage grandiose, dans le calme le
plus complet, avec son moniteur - qui parlait un peu français - qui
s'inquiétait de son moral et de son confort et lui frottait épaules
et bras pour la réchauffer...
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Aragon 15 au 19 juillet 2003 Parapente : 20 participants : Yann, Isabelle et Florian P., Michèle, Jonathan D., Julien et Jérémy, Jano et Mikel, Jean-Louis C., Cathy, Nicolas et Jonathan C., Anna, Marie-Charlotte, Lucie, Alix et Florian B., Xavier, Fereydoun |
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